Le sujet reste controversé (de nouvelles découvertes récentes apportent des questions), mais on estime que les premiers hommes venus peupler l'Amérique l'ont fait il y a environ 25.000 ans, en passant par le détroit de Béring, dans l'extrême Nord. Des Algonquins et des Lenapes occupent principalement le site de New York lorsque les premiers colons arrivent. Mais d'autres nations sont aussi présentes et beaucoup de lieux dans la ville évoquent ces origines.
Les Vikings sont les premiers Européens à découvrir le Nouveau-Monde. Le Norvégien Eric le Rouge trouve le Groenland aux alentours de 985 et y fonde une colonie. Son fils explorera la côte canadienne, mais, blessé, il renoncera. Un refroidissement climatique sévère empêchera toute installation pérenne et peu à peu les Vikings repartent chez eux.
Reconstitution maison viking à l'Anse aux Meadows, Canada
En 1523, François Ier de France confie au Florentin Giovanni da Verrazano le soin de trouver, par l'Ouest, un accès au Cathay (ancien nom de la Chine). Il est le premier Européen à découvrir le site de la future New York. Il l'appelle Nouvelle-Angoulême en l'honneur du roi François, ex-duc d'Angoulême. Mais il n'y aura pas de second voyage, pour continuer à chercher la route du Cathay, car les caisses de la France sont vides. Le Britannique Henry Hudson, qui travaille d'abord pour son pays, est ensuite recruté par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, pour chercher, lui aussi, un chemin maritime vers la Chine. Il n'y parviendra pas, mais entre dans l'actuelle baie de New York, puis suit la rivière qui s'y jette et qui sera connue plus tard sous le nom d'Hudson River. Les Néerlandais, qui l'ont missionné, sont très intéressés par ses récits. Ils décident de coloniser la région.
Les premiers colons, peu nombreux, et plutôt des explorateurs, arrivent et on fonde en 1614 la Nouvelle-Amsterdam. Seule l'île de Manhattan est alors concernée. 30 familles de colons arrivent en 1623. Elles ne s'installent pas toutes dans le village naissant, certains partent dans les régions alentours pour fonder de nouveaux bourgs. Puis d'autres familles arrivent encore et encore. La pointe sud de Manhattan devient bien peuplée et un fort est construit, pour défendre la ville naissante, mais aussi pour accueillir un marché, un hôpital, une école et une église. En 1626, le Flamand Peter Minuit "achète officiellement" Manhattan à ses habitants amérindiens, les Manhattes, contre quelques objets et menue monnaie. Mais la colonie est mal gérée, l'alcool semble être le remède à tous les maux, avec ses conséquences (oisiveté, violence, mauvaise santé...) et les attaques indiennes sont nombreuses. En 1647, Pieter Stuyvesant est nommé directeur général de la Nouvelle-Néerlande et il va imposer des règles, développer le commerce (fourrure, tabac, diverses denrées), organiser la ville et construire les structures nécessaires. Les Britanniques, cependant, déjà bien implantés dans l'Est américain, convoite la Nouvelle-Amsterdam. En 1667, après deux guerres, le traité de Breda accorde la souveraineté de la colonie aux Anglais, qui reçoivent en échange le Suriname (Guyanne hollandaise). La Nouvelle-Amsterdam devient New York. En 1672, une nouvelle guerre éclate pourtant, et les Néerlandais récupèrent leur bien temporairement. Le traité de Westminster règle définitivement le différend en faveur des Britanniques. La ville se développe : églises, écoles, commerces...
La Nouvelle Amsterdam, 1627
Mais la dépendance au Royaume-Uni, si loin, commence à peser. Lorsqu'en 1765, le Parlement vote le Stamp Act (une taxe sur les les journaux et documents britanniques), les treize colonies protestent et obtiennent gain de cause. Un peu plus tard, le Parlement exige que les Américains fournissent des soldats à l'Armée britannique. Les Américains se révoltent de nouveau. On boycotte les produits venant du Royaume-Uni. Une association indépendantiste naît : les Fils de la Liberté. Et tout s'embrase lorsqu'à Boston, en 1773, le thé apporté par bateau par la Companie des Indes, qui supporte des taxes de plus en plus élevées, est jeté à la mer par des émeutiers. Les treize colonies se soulèvent et New York devient le bastion de la révolution en marche. Les cinq batailles décisives de la guerre d'indépendance auront lieu autour de New York. En 1776, un quart de la ville est détruit par un gigantesque incendie. En 1783, les Britanniques reconnaissent l'indépendance du pays et le quittent. New York devient la capitale des Etats-Unis, puis ce sera Philadelphie en 1790. Finalement, il est décidé de créer une capitale fédérale, qui formera un Etat par elle-même (District of Columbia) : Washington.
A partir du XIXe, une arrivée massive d'immigrants, attirés par la ville moderne, et ses perspectives d'emploi, fait considérablement augmenter la population de la ville. Dès 1811, le Commissioners' Plan avait été adopté : il prévoit l'organisation des rues en quadrillage. Le port s'agrandit, en 1900, il est le premier au monde. La ville accueille d'innombrables usines, entreprises, commerces, mais aussi des banques, et elle se trouve une vocation financière, avec de nombreuses banques. Les populations d'origine étrangères se regroupent par quartiers. Le plan de 1811 est étendu au nord de la ville. Les logements manquent toujours et les pauvres s'entassent dans des immeubles insalubres, les tenements. Les problèmes sociaux sont pris en charge par de nombreuses églises et associations. Les riches, eux, sont légion et font construire de très belles maisons sur Washington Square ou la Cinquième Avenue. Ils jouent aussi les mécènes et on leur doit de nombreux musées ou institutions caritatives. La ville continuant de s'étendre, les New Yorkais veulent plus de verdure ; on crée alors un immense parc, Central Park, qui ouvre en 1873.
1873
Pendant la guerre de Sécession, tout comme pendant la guerre d'Indépendance, New York est le bastion de l'Union contre les forces du Sud. Ce qui ne pas sans heurts, car certains New Yorkais partagent les idées des sécessionnistes, par philosophie, ou par intérêt : certains industriels n'ont pas intérêt à ruiner l'économie sudiste qui leur envoie le coton. Par ailleurs la conscription, surtout parmi les immigrants, provoquent des émeutes. Les Draft Riots, notamment, font une centaine de morts ; l'événement a été mis en scène par Martin Scorsese dans Gangs of New York. Puis la paix revient, avec la victoire sur les Etats du Sud.
En 1898, New York gagne quatre arrondissements en incorporant des gros villages qui désormais la touchent : Queens, Brooklyn, Staten Island, le Bronx. Les infrastructures se développent, routes, tunnels, ponts, transports en commun... La ville attire tant de monde et tant d'entreprises qu'elle devient bientôt trop petite. Alors naissent les premiers gratte-ciel, qui deviennent de plus en plus hauts au fur et à mesure que les techniques s'améliorent, et notamment l'invention de l'ascenseur. Mais, trop près les uns des autres, au sol on manque de lumière, les rues sont engorgées et les accès difficiles en cas d'incendie, par exemple. Il est alors décidé, en 1916, de respecter des zones d'espace libre et les gratte-ciel prennent la forme de sorte de pyramides en escaliers très hautes : avec une base large, puis des rétrécissements au fil des étages.
Il faut aussi maîtriser l'immigration, il n'y a plus de place ni de travail pour tout le monde. Les tenements commencent à être démolis au profit de logements plus décents, souvent de grands ensembles.
New York attire les artistes, ouvre des théâtres, des musées... capitale économique mondiale mais aussi capitale culturelle.
1914
Mais tout le monde n'est pas traité de la même façon, et partout aux Etats-Unis, les ouvriers commencent à se rebeller, réclament des augmentations de salaires, de meilleures conditions de travail. On a tendance à penser que l'alcool est la cause de tous les maux, vient alors la Prohibition dans les années 1920, qui n'a pour seul effet que de multiplier l'alcool de contrebande. Le krach de 1929 à Wall Street provoque une crise mondiale. New York s'en remettra, le monde aussi. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville (et le pays tout entier) accueille de nombreux artistes européens exilés en raison de leurs idées ou menacés parce qu'ils sont juifs.
Ces soubresauts du début du XXe siècle affaiblissent la ville qui entre en déclin. Les habitants fuient Manhattan, trop chère, les sièges sociaux aussi, préférant la grande périphérie, voire le New Jersey. Des usines abandonnées défigurent la ville, le délinquance augmente. Le racisme aussi. A Harlem, le quartier "noir", des mouvements naissent pour défendre les droits civils de tous. Les émeutes sont nombreuses, les homosexuels luttent à leur tour contre la discrimination. la ville continue de se détériorer. Dans les années 1970, la ville est sauvée par un prêt fédéral. Wall Street rebondit, les affaires reprennent, mais New York a gagné la réputation d'une ville sale et dangereuse.
En 1994, le nouveau maire Rudolph Giuliani, se propose de revitaliser la ville en profondeur. Radical, adepte de la tolérance zéro, il ne ménage personne, ni les familles mafieuses ni les tenors de Wall Street. La criminalité chute, les rues sont nettoyées, New York redevient attrayante et attire les investisseurs. Giuliani y gagne la réputation d'un homme dur et sans coeur. Lors des attentats du 11 septembre 2001, il gère la panique générale et organise au plus vite la reconstruction, afin que la vie reprenne. Un cancer l'oblige cependant à se retirer de la vie politique.
Les habitants restent traumatisés par les attentats, mais la ville a néanmoins retrouvé son énergie, son enthousiasme, sa fierté, son esprit d'entreprise...